Cinéma

Laissez bronzer les cadavres : quand l’originalité devient un vilain défaut…

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Trois coups de feu. Des couleurs éclatent sur une toile. Le titre apparaît. Voilà, le film vient à peine de commencer et déjà on a un aperçu de ce qu’il va être : des couleurs et du bruit, du ressenti avant toute chose.

    Baroque est certainement le mot qui caractérise le mieux Laissez bronzer les cadavres. Tout y est exagéré, pour le meilleur et pour le pire. Commençons par le meilleur : à ceux qui aiment l’originalité, vous ne serez pas déçus. S’inspirant du giallo italien, genre caractérisant des thrillers italiens au style caractéristique, les réalisateurs misent avant tout sur l’esthétique de leur film. Les couleurs vives explosent en tout sens, réfléchissent le soleil éclatant du littoral corse et déchirent l’obscurité de la nuit, animent des rêves et révèlent le réel. Le son n’est pas en reste, la musique en particulier rajoute une touche épique par moments.

Il s’ensuit que tout le film tourne autour de plans : des plans iconiques, jouant avec brio sur les contrastes, l’éclairage et les « gueules » des acteurs. Le scénario en souffre sensiblement et n’a pas vraiment d’intérêt en lui-même. Il est avant tout là pour lier les différentes scènes entre elles plutôt que pour leur donner une véritable cohérence. Mais cela reste assez peu dérangeant tant certaines scènes peuvent provoquer une extase immédiate.

    Les dialogues assez peu présents sont un peu décevants étant donné la dimension western donnée aux film mais on retiendra malgré tout quelques lignes bien senties de la part de la chef de famille ou du leader de ses hommes de main. Là encore ce n’est pas particulièrement dérangeant puisque comme dit plus haut, les images et sons de ce films sont éloquents en eux-mêmes et les dialogues sont souvent superflus.

    Là où le bât blesse, c’est en réalité au niveau même des points forts du film. L’originalité est en effet avant tout affaire d’équilibre. Elle est un art qui consiste à rester sans cesse sur la crête de la grâce car au moindre faux pas on risque de tomber dans le ridicule. Laissez bronzer les cadavres n’évite malheureusement pas cet écueil : alors que certains plans dégagent une terrible élégance, d’autres sombrent parfois dans le ridicule. Les réalisateurs vont loin dans la recherche du meilleur plan, parfois trop. A la fin il en reste une impression mitigée, celle d’un film à l’ambition énorme, d’un film qui à certains moments confine au grandiose mais qui dans les instants d’après tombe dans le grotesque.

    En cela l’objectif du film est plutôt respecté : les réalisateurs voulaient reprendre les codes du giallo et le font avec brio. On y retrouve cette inventivité si caractéristique, ce spectaculaire qui n’évite pas les fautes de goût par instants. Il y a aussi ce rapport à une certaine forme de synesthésie, ou quand couleurs et sons supplantent narration et dialogues. Malgré tout le film dans cette recherche s’approche dangereusement du nanar. Il reste alors cette sensation d’inachevé, cette impression que le film aurait pu donner quelque chose d’exceptionnel mais qu’il lui manque quelque chose. Malheureusement l’originalité ne suffit pas à faire un bon film.

5

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