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Pour Halloween, on regarde….

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A l’occasion d’Halloween, on regarde souvent des films d’horreur ou du moins horrifiques, sans pour autant arriver à se détacher des films vus et revus… Voilà une sélection non exhaustive, des films à voir ce soir, sans pour autant regarder Scary Movie ou Paranomal Activity.

… un monument de Coppola

Dracula, 1992, de Francis Ford Coppola.

Long-métrage de référence sur les vampires, ce film, baroque à souhait, rend hommage à tout l’imaginaire autour des vampires et réinterprète le mythe originel de Bram Stoker. Les contrées transylvaniennes sont rapidement délaissées pour le Londres victorien afin d’offrir une réinterprétation tout en finesse de Dracula qui est finalement plus un homme maudit qu’un monstre comme dans le Nosferatu de Werner Herzog plutôt que dans le Nosferatu de Murnau ou dans les films de la Hammer avec Christopher Lee. La présence de Keanu Reeves, de Winona Ryder et surtout de Gary Oldman pourrait vous convaincre de voir ce monument du cinéma de genre. Il n’y a plus rien à dire sur ce film qui constitue le dernier chef-d’œuvre de Coppola (pour le moment).

… un film à portée philosophique

Haxan, 1922, de Benjamin Christensen

Ce film suédois est intéressant à plusieurs égards car on revient d’abord dans une perspective historique sur le traitement de la sorcellerie à travers les âges. Plus souvent honnies qu’adulées, les  sorcières ont souvent eu une grande place dans les sociétés occidentales. Ce film, réalisé au début du XIXème siècle, en noir et blanc, muet, possède un grain d’image particulier qui donne une certaine crédibilité aux scènes qui défilent sur notre écran. En effet, l’âge du film et son côté artisanal donnent un côté réaliste à cela. Mais ce film est particulièrement intéressant car il expose une vision freudienne de la sorcellerie et des troubles qui y sont liés.

… un film sur les communautés

The Wicker Man, de Robin Hardy, 1973.

Midsommar, d’Ari Aster, 2019.

C’est là une double recommandation car le second film, très récent, n’aurait certainement pas vu le jour sans le premier car l’histoire est quasi identique. En effet, Midsommar, sorti en 2019 emprunte son sujet à The Wicker Man en lui faisant gagner en profondeur. Les deux films ont pour point de départ l’arrivée d’une ou plusieurs personnes dans un lieu isolé et peuplé par des individus, de prime abord plutôt accueillants, mais qui s’avèrent être finalement adeptes de cultes proches de la nature et de traditions assez barbares. The Wicker Man est plus court et a plus de rythme que Midsommar qui comporte parfois quelques longueurs. Ces films font réfléchir au statut de la communauté et à l’étranger qui arrive dans une nouvelle société et qui doit s’adapter pour ici survivre au sens littéral. Un peu à l’inverse on peut saluer le film de M.Night Shyamalan qui, avec The Village, montre l’autre côté de la pièce en témoignant du fait que l’on a peur de l’extérieur et que cette peur est irrationnelle.

… un film de la nouvelle vague du cinéma d’horreur

The Witch, 2015, par Robert Eggers.

Depuis quelques années on peut dire que le cinéma d’horreur s’est séparé en 2 : tandis que les grandes productions hollywoodiennes se concentrent sur les jump scares, une autre partie des réalisateurs s’est tourné vers les origines du genre en essayant de se rapprocher de l’ambiance qui régnait dans certains films d’horreur des années 1970. On y retrouve une mise en place assez lente par rapport aux standards actuels et qui permet au spectateur de s’immerger dans le monde décrit par le long-métrage. C’est le cas de The Witch de Robert Eggers qui nous immerge dans le quotidien d’une famille qui s’installe à la lisière d’une forêt et qui subit peu à peu des phénomènes étranges…

… un film pour rire

Le Bal des vampires, 1967, Roman Polanski

Ce n’est peut-être pas le film d’horreur le plus drôle mais c’est le plus classique car c’est une parodie des films de la Hammer comme on le voit avec le vampire sur cette image qui pastiche Christopher Lee. Ce qui est admirable dans cette plongée dans les contrées de Transylvanie se trouve surtout au niveau de la réalisation et du rythme du film. La musique est belle et les couleurs sont très prononcées au niveau du bleu et du rouge, un peu comme, dix ans plus tard, le sera le Suspiria de Dario Argento.

Certains films sont également très drôles à l’instar de Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer (2009) ou de Shaun of The Dead d’Edgar Wright (2004) qui détournent les films de zombies.

… un film qui dérange

Les Yeux sans visage, 1960, Georges Franju

Ce film qui narre la transformation physique d’une personne après un accident est dérangeant car les effets utilisés sont assez crus et que le sujet est actuel. En effet, il aborde le sujet de la chirurgie esthétique qui nous renvoie au primat que l’on accorde à l’apparence dans notre société et à la possible futilité de cet atout que l’on pare d’atours. C’est à juste titre que ce film est devenu un classique du genre et se trouve être la principale inspiration de Pedro Almodóvar pour son film La piel que habito. C’est certainement le film le plus horrifique de ce top et il trouve de dignes héritiers dans des films actuels comme Grave de Julia Ducournau (2016) ou encore Swallow de Carlo Mirabella-Davis (2019).

Mathieu Bonnet
Rédacteur en chef de la Cinemat'HEC pour l'année 2020-2021.

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