Alors que la version de Ben Affleck du Batman dans un DC universe qui s’éteint à l’aube de son commencement a rendu sceptique de nombreux fans, la version de Matt Reeves (à qui l’on doit les deux derniers volets de La Planète des singes), annoncée d’emblée comme un thriller policier très sombre, était très attendue. Après un trailer extrêmement prometteur, certains fans se sont même mis à rêver que The Batman irait toucher du doigt le chef d’œuvre de Nolan : The Dark Knight.

Nul besoin de vous faire attendre plus longtemps la réponse à la question qui doit sans aucun doute vous brûler les lèvres : oui, The Batman est un bon Batman. Est-il à la hauteur du Dark Knight de Nolan ? Non, pas à mon humble avis malheureusement. Tout d’abord, le film de Matt Reeves est une véritable prouesse visuelle et confirme le talent du directeur de la photographie de Rogue One et Dune Greig Fraser. Il faudrait un deuxième voire troisième visionnage pour véritablement en juger, mais il s’agit peut-être bien du plus beau film de super-héros de tous les temps. Certains plans du film sont en effet travaillés comme des tableaux. Par exemple, le plan du diner illuminé de néons bleus que vous pouvez observer ci-dessous n’est pas sans rappeler la peinture d’Edward Hopper Nighthawks, souvent traduit en français par « Les Rôdeurs de nuit », et ajoute de l’épaisseur au film qui nous parle avec l’image. En outre, la réalisation et les décors transmettent parfaitement l’atmosphère poisseuse et gangrenée de la ville de Gotham. La grande majorité du film se déroule la nuit, souvent sous une pluie battante et les rares scènes de jours restent très peu illuminées. Comme le suggèrent les affiches du film, les couleurs noires et rouges sont omniprésentes dans le film, nous rappelant ainsi l’atmosphère sanglante et sombre de la ville. Enfin, la caméra fait très souvent son focus sur le premier plan, laissant les seconds blancs très flous et sombre, ce qui laisse un sentiment de malaise et d’angoisse au spectateur.

Un autre facteur tout à fait remarquable de The Batman est la bande originale de Michael Giacchino. Celle-ci épouse en effet parfaitement chacune des scènes du film et renforce les émotions véhiculées par les images. Les scènes de combat sont réalistes car très bien chorégraphiées et la scène de la Batmobile est juste épique ! Robert Pattinson incarne assez bien un Bruce Wayne torturé, reclus et complètement absorbé par son rôle de justicier. Zoë Kravitz est parfaite en Catwoman, à la fois forte, cohérente et sensuelle, sans jamais tomber dans le piège de l’hyper sexualisation. Mention spéciale également à Colin Farrell méconnaissable mais très convaincant dans le rôle du Pingouin. Enfin, le scénario est digne d’un bon film policier et parvient à tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout des 2h50 de film, même si certains passages mériteraient d’être un peu plus rythmés.

Certains points, cependant, sont moins convainquant dans le film de Matt Reeves. Certains dialogues, d’abord, sont à mon sens peu intéressant, voire parfois gênant. Une séquence émotion larmoyante et ridicule entre Bruce Wayne et son fidèle majordome Alfred est notamment parfaitement grotesque. En outre, si le message politique paraît cohérent durant les deux premières heures du film, il se délite complètement à la fin et laisse le spectateur dans un état d’incompréhension.

Pour conclure, The Batman est un très bon film qui mérite d’être vu, rien que pour sa sublime photographie. Si vous êtes friands de films à intrigue, vous n’en apprécierez que plus cette version de l’homme chauve-souris et passerez la séance le sourire aux lèvres.