Cinéma

En attendant Bojangles – Toutes les femmes de ta vie en moi réunies

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De la légèreté, de l’insouciance et du plaisir au poids de la folie et de la douleur, il semble n’y avoir qu’un pas. En tout cas, c’est l’impression que nous donne Virginie Efira dans En Attendant Bojangles – un joyeux drame familial. Le film prend d’abord l’allure d’un conte de fées, dans lequel les personnages principaux tombent amoureux au premier regard dans un cadre idyllique. Mais progressivement, ce joli conte vire au cauchemar lorsque la folie de Camille prend le dessus sur la réalité du monde qui l’entoure.

Camille, Georges et leurs fils Gary vivent une vie épanouie dans leur sublime appartement, bercés par l’illusion des mensonges qu’ils inventent régulièrement pour rendre leur monde moins ennuyeux. L’amour qui émane de ce foyer est tel qu’aucun des trois personnages n’envisage sa vie sans les deux autres, surtout Camille, qui semble presqu’irrationnellement attachée à son mari Georges, au point de souhaiter qu’il arrête de travailler pour se consacrer à sa famille. Tout va très vite entre les deux amants que plusieurs traits de caractère rapprochent dès leur première rencontre : leur goût pour la fantaisie et leur vaste imagination notamment. Le couple renouvelle sans cesse la flamme qui brûle en son sein puisque Camille et Georges s’amusent à jouer des rôles différents du leur, auxquels ils associent un prénom, une histoire et des ambitions. Ainsi, parfois Camille est aussi Béatrice ou Antoinette et George un vaillant cavalier Prussien ou un capitaine de bateau de croisière… Leur fils Gary, s’inspirant de ce modèle, est également un fin conteur et se complait dans l’idée de vivre une vie dérangée aux côtés de parents loufoques.

Alors que le personnage interprété par Romain Duris semble quoiqu’on en dise animé par un fond de rationalité, Virginie Efira incarne pour sa part brillamment une femme entretenant une relation confuse avec son imaginaire et la réalité. George suit Camille dans ses folies parce qu’il est amoureux d’elle et admiratif de ce qu’elle représente, mais on ressent son inquiétude croissante face aux dérives de sa femme, qui progressivement se perd dans ses affabulations. C’est dans ce contexte que la vie festive et épicurienne de la petite famille va sombrer dans l’univers beaucoup moins réjouissant de la maladie mentale, de l’instabilité et du danger. Heureusement pour Georges et Gary, ils peuvent compter sur le soutien sans faille de leur vieil ami L’Ordure qui saura leur venir en aide dans les moments les plus tragiques.

D’un point de vue esthétique, le film est un véritable joyau puisqu’il arbore un style coloré et harmonieux, ponctué d’architectures élégantes et de paysages idylliques. Les acteurs sont mis en valeur grâce à une garde-robe extravagante mais toujours très classe et au charme incontestable. On redécouvre une Virginie Efira plus sublime que jamais même dans ses plus sombres instants. Les rôles des différents personnages sont très justement interprétés, dans un style assez théâtral parfois puisque les personnages eux-mêmes jouent des rôles différents de leur rôle d’origine dans le cadre du film (vous me suivez ?). Mention spéciale et évidente à Virginie Efira qui incarne remarquablement bien cette femme et mère déchirée entre deux univers – le monde réel et la fiction – qu’elle ne sait pas véritablement dissocier.

La personnalité débridée de Camille aurait pu la conduire à imaginer qu’elle était à elle seule toutes les femmes auxquelles un homme aurait pu prétendre dans sa vie. Les L5 apprécieront …

« L’amour a tellement de visages
À toi d’ouvrir les yeux
Est-ce que tu envisages
Toutes les femmes de ta vie
En moi réunies
Ton âme sœur, ton égérie
Parfois ta meilleure ennemie
Toutes les femmes de ta vie
Glamour ou sexy
L’héroïne de tes envies
Je suis toutes les femmes tu vois, toutes les femmes de ta vie »

9.5

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