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Woody Allen, peintre de la mélancolie

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          Riche de plus de 50 films, la carrière de Woody Allen est l’une des plus belles et des plus fournies du patrimoine mondial du cinéma. Après avoir emmené sa caméra pendant près de six décennies dans les rues de New-York, Paris, Londres, Barcelone,…le réalisateur américain nous aura offert autant de chef d’œuvres qu’il existe de styles: de la comédie musicale avec l’inoubliable Tout le monde dit I love you à la tragédie et la violence sociale la plus brutale dans Wonder Wheel, de la comédie la plus pure avec Escrocs mais pas trop au thriller acclamé Match Point, Woody Allen aura tout exploré, tout essayé (ou presque) et chacune de ses périodes a sa référence, célébrée par le public (européen la plupart du temps) et par la critique.

Pourtant, depuis les années 2010, en exil en Europe, une nouvelle dimension émerge dans ses films. Les années ont passé et Woody Allen commence à entrevoir les relations et la vie avec la douce lumière du crépuscule. Son regard mélancolique se pose sur les villes qu’il aime et malgré des intrigues différentes, une certaine cohérence émerge de l’ensemble, comme le fil directeur d’une pensée : Woody Allen a bientôt 90 ans et la nostalgie de l’amour et d’une jeunesse perdue le gagne.

          Ces dernières années, il nous a ainsi offert trois films magnifiques (Minuit à Paris, Café Society, A rainy Day in New-York) dans la continuité les uns des autres, comme si finalement, les intrigues et les personnages n’étaient qu’un prétexte pour raconter ses amours, faire revivre le passé qui s’est lentement évaporé et se laisser aller au rêve. En s’appuyant sur ces films, voici les couleurs de la mélancolie qu’utilise ce peintre de la vie moderne.

L’amour malheureux : un jeu à trois

          Les films de Woody Allen se structurent généralement autour d’un couple dont les caractéristiques sont invariables : lui est un intellectuel en léger décalage avec son époque (amoureux de jazz) ou avec ses paires (préfère la compagnie des philosophes à celle des stars), toujours marqué d’une légère angoisse de la vie et des relations sociales. Elle, elle est belle, reliée d’une manière à une autre à une famille fortunée (parents, mariage), amoureuse de son époque et de ses exigences, à l’aise et brillante en société. Ils s’appellent Gil et Inez à Paris, Bobby et Vonnie à Hollywood, Gatsby et Ashleigh à New-York.

          On pourrait les croire irréconciliables et pourtant c’est tout l’enjeu de l’amour que de réunir ceux qui ne se ressemblent pas parfaitement. Le film commence donc avec cet état d’équilibre précaire sublimé par la beauté de leurs sentiments. Mais la menace pèse toujours sur le couple par l’intermédiaire d’un tiers. Ce dernier, homme séduisant et moderne, souvent riche et renommé courtise la femme et montre toutes les joies de la société mondaine qu’il n’apprécie pas et méprise.

Dans Minuit à Paris, Paul ancien compagnon de classe d’Inez croise le couple de fiancés dans Paris et la séduit en se montrant cultivé et sûr de lui dans différentes visites au musée Rodin et au château de Versailles quand Gil veut simplement se promener dans les rues de Paris.

Dans Café Society, Vonnie entretient une liaison avec Phil, l’oncle de Bobby et producteur couronné de succès. Mais ce dernier marié ne parvient pas à quitter sa femme. Vonnie se rapproche de Bobby qui travaille pour son oncle et les deux finissent par tomber amoureux. Alors qu’ils projettent de s’établir à New-York, d’où vient Bobby, Phil divorce et revient vers Vonnie. Cette dernière cède et rejoint la société huppée hollywoodienne tandis que Bobby rentre dans sa famille.

Dans A rainy day in New-York, Gatsby accompagne Ashleigh à New-York car elle a obtenu un entretien avec Rolland Pollard un célèbre réalisateur. Alors que Gatsby prévoit un programme pour visiter les plus beaux endroits (MoMa, Met, Central Park…), elle prolonge l’entretien puis la journée avant de finir dans les bras de Francisco Vega, acteur renommé qu’elle a rencontré dans les studios de Pollard.

          L’amour est donc un jeu de trois dans lequel chacun cherche sa place, est tiraillé entre la fidélité et l’aventure, la morale et le plaisir.

L’errance et la pluie

          L’amoureux malheureux, trompé ou oublié, erre alors dans les rues où il promène sa mélancolie dans l’espoir d’oublier ou simplement de se laisser aller à la rêverie. C’est dans ces moments que se déploient tout l’art et tout le talent du réalisateur. Quand montent les premières notes de jazz, les premières gouttes de pluie tombent du ciel et déjà la ville se pare de son manteau de tristesse. Quand les autres courent se réfugier ou veulent à tout prix éviter la pluie, c’est avec elle que marche Woody Allen, comme un lointain hommage à Verlaine : « il pleut sur mon cœur comme il pleut sur la ville ».

          Que le réconfort vienne des notes de saxophone de Sidney Bechet avec le magnifique « si tu vois ma mère » (Minuit à Paris) ou de la pluie de note de piano d’Erroll Garner dans « Misty » (A Rainy Day in New-York), la musique accompagne l’errance dans les rues et offre les quelques lumières d’espoir qui brillent dans la noirceur du rideau de la pluie. Jamais ils ne sont aussi marginaux que lorsqu’ils se laissent porter par leurs pas dans les rues de Paris ou de New-York, et jamais aussi ne sommes-nous aussi mélancoliques qu’en les voyant accompagnés de leur solitude. N’allez pas croire qu’il ne se dégage de ces déambulations qu’un puissant sentiment de tristesse. Au contraire, et c’est là toute la magie de la mélancolie, elle nous laisse un léger sourire au coin des lèvres et un étrange sentiment de proximité avec ce marcheur trempé. Comme lui, on aimerait être dans les rues et se laisser guider par nos pas et laver par la pluie. Comme lui on se sent empli de la plénitude de la beauté, sublimée par le désespoir d’une situation qui semble insolvable.

          Mais cette errance peut également se produire dans notre rapport aux autres. En effet, si Gil et Gatsby arpentent sans jamais s’en lasser les rues de leurs villes respectives, Bobby lui ne quitte plus le club qu’il dirige et dans lequel il laisse s’éloigner le souvenir de Vonnie. Pourtant, quand cette dernière passe les portes du Café Society avec son mari et des amis, il replonge dans une humeur noire et un chagrin profond. Dès lors, certes il errera avec elle dans les rues de New-York et dans Central Park aux aurores, mais surtout, il commence à errer mentalement et plusieurs fois semble absent de sa propre vie, le regard dans le vague. On le sent hanté par les souvenirs et surtout par tous les rêves de ce qui aurait pu arriver avec elle mais qui finalement ne s’est jamais produit. Voilà peut-être une des plus belles définitions de la mélancolie que nous révèle Woody Allen :  c’est le rêve d’un présent qui ne se produira jamais car le bonheur du passé a disparu. Notons le talent d’acteur de Jesse Eisenberg qui sublime ce personnage attachant et mélancolique, en balance totale entre sa joie et son dynamisme au travail ou avec Vonnie et ses longs silences et ses absences quand elle n’est plus avec lui.

          Plus fort encore, alors que Gil erre dans Paris sous la pluie et passe dans les plus beaux endroits de la capitale, ses pas le mènent finalement sur les marches de l’église Sainte-Geneviève aux alentours de minuit. Alors que les cloches font trembler la nuit de douze coups, une automobile sortie des années 20 s’arrête et embarque Gil à son bord. La mélancolie cède alors le pas à la magie et le voilà transporté dans le Paris des années folles, entre les soirées de Cocteau et de Buñuel, les absinthes avec Dali et les discussions avec Fitzgerald, les confessions de Stein et les toiles de Picasso. L’errance est désormais temporelle. S’il est dans la même ville que sa fiancée, il y passe ses soirées dans une autre époque. Alors me direz-vous, quel rapport entre cette errance qu’il adore et la mélancolie ? J’y viens, et nous retrouvons ici Gatsby et Bobby sur notre chemin.

          Nos trois amoureux vont au cours de leur errance faire une rencontre qui va chambouler leur vie et le triangle sentimental dans lequel ils sont enfermés. La pluie provoque l’errance, qui provoque la rencontre, qui provoque l’amour. La pluie lave donc les souffrances et est la source d’un renouveau, d’une évolution dans les relations. Woody Allen en avait également usé dans le très beau Magic in the Moonlight quand, surpris par la pluie et une panne, Stanley et Sophie se réfugient dans l’observatoire de Nice et s’embrassent sous les étoiles. Sans jamais tomber dans un kitsch excessivement romantique (le baiser est beau mais marqué du sceau de l’impossible car il est marié et refuse ses avances, ils sont trempés et frigorifiés, épuisés) la pluie est l’élément déclencheur de leur amour, comme si elle leur permettait enfin de se rencontrer réellement, dans leur réalité la plus pure. Les rencontres sont donc cruciales car elles ouvrent une nouvelle porte à Gil, Bobby et Gatsby.

Espoir et désillusions

          Au cours d’une flânerie aux puces, Gil fait la rencontre de Gabrielle, une vendeuse d’antiquité admiratrice du Paris des années 20 et de ses protagonistes. Au cours d’une soirée dans les années 20, il fait la rencontre d’Adriana, avec qui il se promènera longuement dans les rues de Paris.

          Dans le tourbillon du Café Society, Bobby est présenté à Veronica, récemment divorcée qu’il emmène dans un club de jazz puis qu’il raccompagne jusqu’à chez elle.

          Conseillé par un ancien camarade de classe croisé au hasard des rues, Gatsby se retrouve pris dans le tournage d’un film amateur dans les rues de Manhattan où, assis dans une voiture, il doit embrasser Chan, la sœur d’une ancienne relation.

          Dans Antigone, Anouilh fait dire cette phrase magnifique au personnage éponyme : « ce qui est bien avec la tragédie, c’est qu’à la fin il n’y a plus d’espoir, ce sale espoir ». La mort de l’espoir condamne donc définitivement les possibles déceptions et les désillusions qui naissent de ce petit sentiment. Or, le propre de l’espoir est qu’il créé souvent un décalage entre ce que l’on espère avoir et ce qu’on reçoit ou vit réellement. Et ce décalage entre virtualité et réalité est la source d’un grand bonheur (on n’espérait plus rien) ou d’un immense désespoir (rien ne s’est réalisé comme on espérait). Et s’il est bien une situation dans laquelle l’espoir a ce rôle d’amplificateur des émotions, c’est bien celle amoureuse. Woody Allen l’a bien compris, et s’en sers comme un ressort essentiel à sa trame romantique

          Quand tout semble perdu et que rien ne pourra sauver l’amour fragile initial, que le tiers s’est si bien immiscé dans la relation qu’il en exclue Gil, Bobby ou Gatsby, la mélancolie est chassée par les regrets et le désespoir de la mort du couple. La boîte de l’intrigue semble définitivement scellée et la flamme de l’amour s’éteint. Mais Woody Allen ne nous épargne pas. Telle une légère brise d’oxygène, ces rencontres fortuites s’infiltrent dans l’intrigue et viennent ranimer la flamme de l’espoir. De nouvelles perspectives s’offrent à eux et brisent les côtés du triangle amoureux. Non pas qu’ils en oublient partiellement, ou même totalement, leur relation initiale, simplement qu’ils se remettent à espérer, à se projeter, à imaginer un futur heureux.

          Dès lors, le film prend une nouvelle tournure et la beauté des moments partagés n’est pas teintée d’une indicible tristesse et la seule toile de fond sur laquelle jouent les personnages est celle de la folie des débuts. Gil et Adriana, après de longues soirées dans les cercles huppés de la capitale et des promenades de Montmartre aux bords de Seine, vont un soir embarquer dans un fiacre et se retrouver dans le Paris de la Belle Epoque, qu’Adriana considère comme l’âge d’or. Bobby lui trouve auprès de sa femme les joies de la paternité, puis quand Vonnie revient, le partage de soirées et de promenades sur un air de nostalgie de leur amour passé. Gatsby lui raccompagne Chan chez elle après le tournage, ils discutent de leurs conceptions de l’amour et de leur goût partagé pour la pluie et la posture en retrait des mondains.

          Mais ces relations aussi pures soient-elles ne peuvent durer. C’est ce qui les rend belles et tristes à la fois : mélancoliques donc. Déjà la fin approche et le conflit sentimental doit se résoudre, parfois avec le goût amer de l’inachevé et des regrets, parfois avec la joie de nouveaux horizons, toujours avec une solitude finale.

Séparation, retrouvailles et solitude finale

          On le sait trop bien mais toute histoire, aussi belle soit elle, a une fin. Poussés par la culpabilité, les regrets, la décision de changer, après avoir erré chacun de leur côté et vécu leurs aventures séparément, le couple initial se retrouve pour le dénouement.

          Que les évènements aient tenu le temps d’un weekend à Paris ou à New-York, ou plusieurs années entre Hollywood et New-York, la magie du début n’existe plus et rien ne sera jamais comme avant. Ils le savent et ils sont prêts. La décision a été prise et a été réfléchie. Elle les blesse mais ils la savent nécessaire pour avancer, même s’ils repartiront seuls dans les rues, sous la pluie.

          Rentré à l’hôtel avec la conviction qu’Inez l’a trompé avec Paul, Gil rentre à leur hôtel et lui annonce tout savoir. Sans même nier, elle reconnait mais l’assure que cette aventure restera sans lendemain et qu’elle veut toujours se marier avec lui. Mais ses longues discussions avec Hemingway lui ont permis de réfléchir et de comprendre qu’ils sont trop éloignés pour qu’ils puissent être heureux une vie entière, et il préfère rompre leurs fiançailles. Il repart seul dans les rues de Paris alors que la nuit tombe

          De même Gatsby retrouve Ashleigh qui lui raconte sa soirée avec Francesco, avec qui elle n’aura passé qu’un dîner et partagé un verre sans l’avoir trompé (même si cela se joue à un tournage prêt, je vous laisse la surprise). Le lendemain, alors qu’ils se promènent en calèche dans Central Park, il arrête le cochet, annonce à Ashleigh qu’elle rentrera seule à l’université et qu’il va rester à NY. Elle est faite pour la vie mondaine les études prestigieuses et le soleil, lui préfère les clubs de jazz, les soirées de poker et le ciel gris rayé de pluie. La calèche repart avec Ashleigh qui proteste à demi-mot, lui s’enfonce dans les allées de Central Park.

          La pluie se met à tomber, encore elle, et ils sont seuls dans ces villes lumineuses mais écrasées par les nuages. Le jazz leur tient compagnie. La mélancolie aussi. Mais d’un dernier coup de baguette, le magicien qui tire les ficelles vient renverser cette scène finale : Gabrielle sort de l’ombre et retrouve Gil sur le pont Alexandre III. Les quelques lampadaires éclairent la timidité qui les sépare. Elle aime Paris sous la pluie aussi. Ils disparaissent côté-à-côté dans la nuit. Gatsby lui a trouvé refuge dans le zoo de central Park sous le carillon. « Rien de plus beau qu’un baiser dessous quand les cloches sonnent et que la pluie tombe », voilà ce qu’ils s’étaient dit avec Chan. 6 coups retentissent et elle apparait, elle aussi trempée par la pluie. Ils s’embrassent.

          La beauté de ces deux scènes sur lesquelles s’éteint la caméra renforce la mélancolie finale. Ils sont finalement heureux et on est presque touchés par la grâce de cette rencontre avec celle qui semble être leur âme sœur, avec qui ils pourraient partager leurs passions. La beauté joyeuse triomphe et la tristesse s’éloigne, c’est la mélancolie heureuse qui nous prend et nous laisse rêveurs.

          Mais alors qu’en est-il de Bobby ? Vonnie est repartie avec Phil à Hollywood et la mélancolie ne le quitte plus. S’il demeure un patron et hôte exemplaire au Café Society, il reste longtemps perdu et rêveur, ce qui ne manque pas de faire craindre une infidélité à sa femme. Pourtant il lui est fidèle, mais surement plus par amour de Vonnie et fidélité à cet amour sacrifiée que pour l’amour qu’il porte à sa femme (qui s’appelle Veronica également…douloureuse ironie n’est-ce pas ?). L’année s’achève et tout le beau-monde new-yorkais vient célébrer le réveillon et l’arrivée de la nouvelle année dans le Café Society. La folie et la joie de cette société fortunée et heureuse est à son paroxysme, la mélancolie malheureuse de Bobby est à son comble : la plus belle scène du cinéma est en marche. L’orchestre joue des mélodies de plus en plus entrainantes et joyeuses, le champagne coule à flot et les convives dansent avec leurs coiffes de fête. Dans ce mouvement continuel, le compte à rebours commence et quand éclatent les cris et les paillettes pour célébrer le changement d’année, tout le monde s’embrasse et se souhaite le meilleur. Ils repartent dans leur danse et leur joie. La musique, elle, s’est arrêtée et tout est silencieux. La caméra fixe Bobby. Un air de jazz lancinant s’élève. Il est seul, immobile, les yeux dans le vague, parmi la foule des danseurs. Très lentement la caméra se met en mouvement pour tourner autour de Bobby. Mais alors qu’on arrive dans son dos, l’image change et le mouvement se poursuit tandis qu’on voit Vonnie perdue dans la même position au milieu d’une soirée de nouvel an à Hollywood. Phil arrive et l’embrasse lui souhaitant une bonne année et lui demandant à quoi elle pense. « à rien, elle est heureuse ». Pourtant, son esprit lui aussi est occupé par un autre. Zoom sur ses yeux, perdus dans le vague. La caméra est de nouveau derrière Bobby achevant son mouvement. La scène devant lui est d’un bleu profond, dans lequel scintillent quelques ampoules esseulées. Tout s’obscurcit.

          Outre l’esthétisme splendide qui caractérise cette scène, elle témoigne de toute la tristesse et de la solitude des deux amoureux au milieu de la fête et d’une foule dont ils n’ont que faire. Leur esprit tout entier est tourné l’un vers l’autre et ils sont habités d’une immense mélancolie qui nous touche et nous émeut. Woody Allen résume magnifiquement cette histoire en une phrase : « la vie est une comédie écrite par un sadique ».

          Il y un peu de chacun, qui que nous soyons, dans Gil, Bobby ou Gatsby. Eux sont Woody Allen. C’est lui, le jeune intellectuel qui aime marcher dans la pluie, dont les amours malheureux poussent à l’errance et à la rencontre. S’il se décline sous les traits d’Owen Wilson puis de Jesse Eisenberg et Thimothée Chalamet, il est toujours vêtu de son éternel manteau marron, accompagné de ses références musicales, troublé par ses angoisses existentielles et toujours à la recherche de sa place dans la société et dans le monde.

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          Woody Allen a 87 ans. Il est nostalgique de cette jeunesse et des villes qu’il aime.

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