Cinéma

Ça : film d’horreur doudou…

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Un petit garçon monte seul dans le grenier. Musique-qui-fait-peur, coupes-saccadées-entre-les-plans, ambiance-sombre-et-lugubre-sans-raison, toute la panoplie des clichés du film d’horreur est présente dans la première scène du film. Et pourtant.

Le garçon sort dans la rue, se met à courir… se prend un poteau en pleine gueule et tombe. Rires francs dans la salle. Est-ce que le film vient de déconstruire l’ambiance glauque à deux sous auparavant créée de manière comique ? Est-ce que ce film vient de faire dans l’autodérision en soulignant la platitude convenue de ses premières plans ? Peut-être que ce film est plus prometteur qu’il n’y parait, peut-être qu’il arrivera à surfer sur cette ligne si fine entre épouvante et comique en dosant assez savamment les deux pour que le tout soit cohérent et harmonieux, lui créant une ambiance qui le distinguerait de la masse des films d’épouvante du moment..!

La réponse est non.

La réponse est toutefois un non énervé et frustré, parce que le film garde ce ton assez second degré et continue de consciemment rire de lui-même, ce qui veut dire qu’il y avait de l’espoir. Mais le tout est noyé dans un gloubiboulga de clichés, de scènes convenues et de jump scares à la con. Et c’est bien là tout le problème : le pari aurait été relevé si le film avait réussi à réellement faire peur à son spectateur, s’il avait réussi à créer une atmosphère oppressante, à faire sentir le danger et à faire trembler pour ses personnages. Or là, l’humour et l’effet de relâchement tombent à l’eau parce qu’ils ne surviennent pas après des moments de tension et de crispation mais plutôt après des scènes avec une chiée de coupes rapides et de sons saturés qui t’explosent à l’oreille, des scènes qui surprennent plus qu’elles n’effraient.

Et c’est d’autant plus rageant que les moments drôles sont autant réussis que les moments d’épouvante sont ratés. Les dernières scènes en sont symptomatiques : les enfants se battent contre le méchant clown, et à aucun moment tu ne crains pour eux parce que le film t’a bien expliqué avant que tant qu’ils étaient ensemble et unis, rien ne leur arriverait. Le combat est expédié sans que tu aies peur malgré tous les efforts que fait le film à changer l’apparence du clown en des créatures dégueulasses.

Scène horrifique meh.

Tout de suite après, grand moment incontournable, le héros se décide à avouer ses sentiments à sa dulcinée ; il se tient devant elle, et il s’arrête un moment, juste assez longtemps pour souligner le caractère cliché de la scène et que la salle explose de rire, puis il s’avance et l’embrasse. Pour couronner le tout et continuer de mêler de manière très judicieuse l’horreur et le comique, ladite dulcinée a la main qui crache le sang, et elle n’hésite pas à lui caresser le visage avec pour un baiser ensanglanté ridicule.

Scène comique réussie.

Tu sors donc de la salle déçu, parce que le potentiel était là, et que le film aurait pu créer une atmosphère qui en aurait fait une production très originale et inspirée. Mais non. It fait l’effet d’une espèce de film d’horreur à la sauce Marvel : entrecoupé de blagues et à la gloire de l’Amour et de l’Amitié… Effrayant.

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