Cinéma

Vivo – Agir de son vivant

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Un article de Mamoun Scally et Victor Bletton.

Sorti ce 6 août sur la célèbre plateforme de streaming Netflix, Vivo nous relate l’histoire d’un singe jaune… euh d’un kinkajou mélomane qui s’embarque pour une aventure palpitante entre La Havane et Miami afin de remettre une chanson d’amour au nom d’un vieil ami et d’accomplir sa destinée. Dialogue entre deux membres de Making Of sur le départ, pour leur (dernière ?) contribution à l’association. Garanti sans spoilers.

Mamoun : Ouah… petite claque que je viens de prendre. Emouvant, bien animé, avec des chansons entraînantes pour accompagner l’intrigue. Du grand Lin-Manuel Miranda tout simplement.

Victor : Ouais, je sais pas trop. Globalement, je suis d’accord avec les points que tu viens de soulever…

Mamoun : Mais… ?

Victor : Haha, tu me connais bien, salopard, t’es un putain de salopard.

Mamoun : Je ne vois pas le rapport avec Vivo.

Victor : Oui, l’animation est belle. Oui, j’ai été ému à certains moments. Oui, certaines chansons sont superbes, on y reviendra. Néanmoins, est-ce suffisant ? Est-ce qu’on n’attendrait pas autre chose d’un film à l’heure où tant de films d’animations sortent tous les ans et où des propositions toujours plus créatives viennent bousculer les codes établis ainsi que nos attentes ? 

Mamoun : Je ne te contredis pas sur la structure commune et traditionnelle de ce film. Il est vrai qu’on peut le comparer à Coco de Disney-Pixar sur de nombreux aspects. La musique est à nouveau au cœur du scénario et amène les personnages à faire des choix qui affectent leur vie de manière définitive. Mais c’est tout ce qu’on peut apprécier dans une comédie musicale de qualité, n’es-tu pas d’accord, Victor ?

Vivo : Appelle-moi Vivo. Justement, j’ai eu l’impression d’avoir affaire à un Pixar moderne, en un peu moins bien et sans rien de bien nouveau. Oui, j’ai passé un vrai bon moment et c’est pourquoi je pense que ça vaut le coup de le voir, mais chaque scène est trop prévisible et c’est parfois frustrant de voir que le film suit toujours la trame à laquelle on s’attend. 

Mamoun : Alors, prévisible dans la forme : oui. Le all is lost était incontestablement aisé à anticiper, ainsi que la situation finale qui semblait amorcée par la scène d’exposition. Cependant, tu ne me feras pas avaler que tu as pu pour autant entrevoir toutes les péripéties conduisant à cette fin, ni l’évolution des personnages qui ont interagi avec le héros ; je fais notamment référence ici aux 3 jeunes scouts vendeuses de cookies ou encore à la deutéragoniste Gabriela. De plus, pour reprendre ton idée selon laquelle il manquerait à Vivo ce côté original qui viendrait bousculer nos attentes, peut-on réellement reprocher à un film qui suit une formule réputée pour être gagnante, demeurant divertissant et bien construit, d’être trop conventionnel ?

Vivo : Alors tout d’abord non, bien sûr que je n’ai pas tout prédit, ça serait mentir, la partie “fun and games” nous fait voyager dans une jungle aussi verdoyante que hostile, les rencontres sont elles aussi intéressantes mais encore une fois l’évolution des personnages est assez prévisible. Plus généralement tu as raison, je ne pense pas qu’on puisse faire le procès d’un film d’animation parce qu’il n’est très surprenant, mais j’ai trouvé dommage qu’en s’inspirant des Disney ils ne reprennent pas l’élément clé : un scénario surprenant et captivant. Ce film qui porte sur les occasions manquées semble en avoir lui aussi manqué une. A titre personnel j’ai été très touché par Soul qui aborde des thèmes qu’on a pas l’habitude de voir dans ce cinéma et qui m’affectent particulièrement.
Quand on voit quelque chose qu’on a pas l’habitude de voir, on est plus apte à ressentir de nouvelles choses, et ça m’a manqué ici … sauf peut-être à travers la chanson des flamants roses, selon moi la meilleure chanson originale de l’histoire des films d’animation.  

Mamoun : Oui ‘fin… dire qu’un film produit par Sony Pictures Animation s’inspire des Disney serait une insulte à la saga Hôtel Transylvanie ou encore Spider-Man : into the Spider-Verse, cette merveille récompensée d’un Oscar. Complexe d’innover lorsqu’on est obligé d’adhérer à moult codes dans une structure aussi rigide que le film d’animation : on ne peut pas choquer l’audience de plusieurs façons dans une œuvre s’adressant avant tout aux plus jeunes.

Vivo : Vice-versa, Coco ou encore Soul l’ont pourtant fait. Et je dois reconnaître qu’un des éléments surprenants du scénario, sans être totalement choquant, est assez brutal. 

Mamoun : Ah ma foi, je vois bien de quoi tu parles. Grand moment que voilà, qui hantera sans doute mes cauchemars pour la semaine à venir. Et tu as raison, les premiers Pixar tels que Les Indestructibles ou Monsters Inc. ont réussi à créer ces grilles de lecture en parallèle pour toucher simultanément enfants et adultes, et je dois bien concéder que cela a manqué dans Vivo.

Vivo : Par ailleurs l’animation est belle comme tu le disais, avec des dessins 3D proches des derniers Disney et des couleurs chaudes apaisantes. J’ai aussi beaucoup aimé les passages où l’animation passe en 2D avec des couleurs plus vives, c’est assez séduisant comme manière de faire évoluer la narration, d’autant qu’elle signale à chaque fois des moments clés.  

Mamoun : Haha, voilà bien un côté original du film que tu mentionnes ici. Aussi, j’invite tout le monde à apprécier le fait que le personnage principal soit un kinkajou cubain qui rappe. C’est quand même pas ce qu’on voit tous les jours. Et nos amis les flamants roses… ne nous enseignent-ils pas une belle leçon sur l’amour ?

Vivo : Tu me prends par les sentiments… J’aime cette chanson. J’aime ces flamants roses. Et j’aime l’animation. 

“Love’s Gonna Pick You Up” Karaoke Sing Along | Vivo | Netflix Futures

Vivo, exclusivement sur Netflix, depuis le 6 août.

Note de Mamoun : 8,5

Note de Victor, aka Vivo : 7

7.8

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