Cinéma

La Ballade de Buster Scruggs : la démonstration des frères Coen…

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Parmi la cohorte de personnages excentriques aux noms étranges qui peuplent l’œuvre des frères Coen, Buster Scruggs occupe désormais une place privilégiée, aux côtés du Dude Lebowski, de Barton Fink et tant d’autres. Le héros éponyme, qui n’apparaît pourtant que dans l’une des six histoires composant le film, nous offre une entrée en matière délirante, terriblement drôle et riche en humour noir, un art que les Coen maîtrisent à la perfection.

Si le film fonctionne si bien en dépit de son format narratif fragmenté, c’est avant tout parce que les six histoires sont très bien écrites. Aucune ne laisse indifférent, et rares sont celles qui se terminent par la traditionnelle « happy end » hollywoodienne, car si les frères Coen empruntent aux codes du western, c’est aussi pour les bousculer. A travers ces contes, les Coen peignent avec humour et poésie une Amérique déjantée, parfois cruelle et absurde, mais qui n’est pas sans une certaine humanité. La tendresse et l’empathie ne sont pas absentes de cette ballade, loin s’en faut, même si elles ne sont pas souvent récompensées à leur juste valeur. La scène où le personnage de James Franco remarque la beauté d’une femme dans la foule quelques instants avant sa pendaison illustre bien le retour violent à une réalité hostile qui guette les protagonistes dès qu’ils baissent la garde. Bien souvent, ce sont les animaux qui semblent les seuls êtres dignes de confiance et d’amitié dans l’histoire.

Ce difficile équilibre entre douceur et violence, entre espoir et tragique, entre quête de sens et absurdité, est maintenu par des acteurs de grande qualité, parmi lesquels Liam Neeson, Zoe Kazan, James Franco et Harry Melling, qui a su élargir son répertoire après avoir joué Dudley Dursley pendant de nombreuses années. Une fois encore, la bande-son de Carter Burwell est excellente, et contribue notamment à faire des chansons de Buster Scruggs un moment inoubliable.

Ce serait presque oublier la mise en scène remarquable des Coen et la qualité de leurs dialogues, qui, dans la dernière des six histoires, parviennent à donner du rythme à un quasi-huis clos, lequel se déroule essentiellement dans une diligence pendant quinze bonnes minutes. Mais le talent de Joel et Ethan, c’est aussi, dans d’autres récits, de limiter les dialogues au minimum lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, pour les remplacer par des regards ou des actes qui en disent plus qu’un long discours sur les intentions des personnages.

Comment rester insensible devant la chanson entraînante de « Surly Joe », la quête contrariée du chercheur d’or, ou le destin tragique d’Alice Longabaugh ? La Ballade de Buster Scruggsest un western réussi qui séduit tout à la fois par l’inventivité de sa narration, par la justesse de son interprétation et par un savant mélange d’humour noir, d’émotion, et d’absurdité.

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