Cinéma

Netflix s’est truffé de Truffaut avec la saga Antoine Doinel

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Depuis le 24 avril 2020, les abonnés de Netflix en France peuvent profiter de nouveaux films d’auteurs grâce à un nouveau partenariat de la plateforme bien connue avec la société de distribution MK2. Parmi les grands noms de ce catalogue on trouve le pape de la Nouvelle Vague, François Truffaut, et les quatre longs-métrages de sa « saga Antoine Doinel ».

         François Truffaut, tout d’abord critique de films pour les Cahiers du Cinéma, a bouleversé le panorama du cinéma français en initiant la Nouvelle Vague. Les quatre longs-métrages et le moyen-métrage qui décrivent la vie d’Antoine Doinel ont bâti la réputation de ce mouvement cinématographique.

         Le porte-étendard de cette suite de films est bien sûr Les Quatre Cents Coups qui figure encore parmi les films favoris des réalisateurs actuels plus de soixante ans après sa sortie. Les discussions de François Truffaut et d’Alfred Hitchcock à son sujet et la palme d’or obtenue à Cannes en 1959 ont permis à ce film de passer à la postérité et de devenir une référence internationale. C’est bien la figure enfantine, mais non innocente, de Jean-Pierre Léaud qui illumine ce film et toute la saga centrée sur Antoine Doinel. Cet acteur doté de la « voix blanche » déclame son texte sur ce ton monocorde qui nous fait immédiatement penser aux livres et films de Marguerite Duras. Cette voix et le comportement insouciant qui l’accompagne feront d’Antoine Doinel une icône qui annonce et traverse les bouleversements culturels des années 1960 et 1970. Ce personnage est d’ailleurs souvent décrit comme l’alter ego cinématographique de François Truffaut, bien que celui-ci préférait souvent mettre en avant les différences entre lui et son personnage plutôt que leurs similitudes. Néanmoins, il se trouve que nombre des lieux de tournage des films de la saga Antoine Doinel étaient fréquentés par le réalisateur dans sa vie quotidienne. 

         Au-delà du chef d’œuvre initial, le génie de Truffaut a été de pouvoir construire une véritable série de films autour d’un personnage fictif sur une période qui s’étend pendant vingt ans. Richard Linklater, célèbre pour avoir réalisé des films en utilisant le vieillissement naturel de ses acteurs, n’a rien inventé puisque François Truffaut avait déjà commencé cette réflexion sur la vie d’un personnage à travers la caméra plusieurs décennies auparavant. Cette entreprise inédite a su témoigner, par la vie d’un homme, des différentes transformations sociales liées à une époque avec par exemple la désagrégation du noyau familial dans Les Quatre Cents Coups ou de la déliquescence de l’institution qu’est le mariage dans Domicile Conjugal et L’amour en fuite. Ces films sont résolument ancrés dans leur temps comme le montre également le passage à la couleur entre le moyen métrage Antoine et Colette et Baisers volés. Enfin, la bande son est également assez représentative de chaque époque puisque l’orchestre classique qui produira la musique du premier film sera remplacé successivement par des morceaux de Charles Trenet puis d’Alain Souchon.

         On peut souligner, en sus de la performance de l’acteur principal, les impressionnantes  compositions des diverses actrices incarnant les femmes de la vie d’Antoine Doinel. C’est notamment Claude Jade qui a marqué l’esprit des spectateurs. Par son interprétation de la jeune Christine Darbon, femme d’Antoine Doinel, elle donne à son personnage une image de femme forte et sensible qui a toujours su tenir tête à son amant. C’est pour ces qualités que François Truffaut surnommera son actrice fétiche « la petite fiancée du cinéma français ».

         Il faut noter que, Antoine et Colette, moyen-métrage de 32 minutes qui s’intercale entre Les Quatre Cents Coups et Baisers Volés, n’est pas disponible sur Netflix, mais il est possible – et recommandé – de le louer pour une somme modique sur le site de VOD à la demande qu’est La Cinetek. Ce moyen-métrage aborde, encore une fois, avec sensibilité l’adolescence d’Antoine Doinel et narre sa rencontre avec une jeune fille nommée Colette. De nombreux extraits de ce petit film sont utilisés lors de flashbacks dans les longs-métrages postérieurs de la saga Doinel, il est donc utile de le voir si l’on veut parfaire sa connaissance de la vie de cet anti-héros de la Nouvelle Vague.

 

Source : https://www.telerama.fr/television/truffaut,-resnais,-lynch,-dolan-pourquoi-netflix-est-devenu-cinephile,n6631120.php

Mathieu Bonnet
Rédacteur en chef de la Cinemat'HEC pour l'année 2020-2021.

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