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American Crime Story – The People v. O.J. Simpson : Le procès spectacle qui divise les États-Unis

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On connaît l’histoire dans ses grands traits : en juin 1994, Nicole Simpson et son partenaire trouvés assassinés chez elle, elle presque décapitée, lui poignardé sur tout le corps. La scène, d’une rare violence, ressemble bien à un crime passionnel. Rarement la police a-t-elle eu autant d’indices convergeant vers un seul coupable : O. J. Simpson, la star du football américain. Aurait-il voulu laisser tant d’indices qu’il n’aurait pas réussi : un gant ensanglanté est trouvé sur la scène du crime, le gant manquant est retrouvé dans la jardin d’O. J., quelqu’un l’a vu dans sa voiture sur la route de chez son ex femme à chez lui, et on retrouve du sang de la scène du crime un peu partout, jusque dans la voiture d’O. J., identifié par test ADN comme celui des victimes. Sa tentative de fuite et sa course-poursuite filmée en direct ne vient qu’aggraver son cas. Cependant, en octobre 1995, O. J. Simpson sort libre du palais de justice. Comment cela est-il possible ? C’est là le cœur du sujet de la série American crime story — The People v. O. J. Simpson.

On connaît l’histoire dans ses grands traits : en juin 1994, Nicole Simpson et son partenaire trouvés assassinés chez elle, elle presque décapitée, lui poignardé sur tout le corps. La scène, d’une rare violence, ressemble bien à un crime passionnel. Rarement la police a-t-elle eu autant d’indices convergeant vers un seul coupable : O. J. Simpson, la star du football américain. Aurait-il voulu laisser tant d’indices qu’il n’aurait pas réussi : un gant ensanglanté est trouvé sur la scène du crime, le gant manquant est retrouvé dans la jardin d’O. J., quelqu’un l’a vu dans sa voiture sur la route de chez son ex femme à chez lui, et on retrouve du sang de la scène du crime un peu partout, jusque dans la voiture d’O. J., identifié par test ADN comme celui des victimes. Sa tentative de fuite et sa course-poursuite filmée en direct ne vient qu’aggraver son cas. Cependant, en octobre 1995, O. J. Simpson sort libre du palais de justice. Comment cela est-il possible ? C’est là le cœur du sujet de la série American crime story — The People v. O. J. Simpson.

Ce cas est certainement l’un des seuls dans lesquels être un Noir Américain aura servi la cause d’un accusé : c’est en faisant passer l’ancien footballeur pour la victime d’un complot raciste monté par la police que la défense mine le dossier d’accusation. Il s’agit pour eux de créer un sentiment de solidarité entre les Noirs Américains et O. J. Ce dernier n’a pourtant rien en commun avec la communauté noire, qu’il a quittée aussi vite qu’il a pu pour s’installer dans un quartier riche et blanc et épouser une blanche. Le clivage est complet : environ tous les Afro-Américains pensent que c’est un coup monté, quand tous les autres sont convaincus de la culpabilité d’O. J. Simpson. Lorsqu’un Afro-Américain objecte qu’O. J. n’a jamais rien fait pour la communauté, que finalement il n’est pas noir, on lui répond en plaisantant : « He’s now that he’s been arrested by the police. ». C’est d’autant plus  problématique pour la défense que le jury populaire est composé en majorité d’Afro-Américains.

            La bataille se joue beaucoup sur le terrain médiatique. Et dans celle-ci, l’équipe de la défense (la « dream team », comme elle est surnommée), composé notamment de Robert Kardashian (oui, le père de Kim) joué par David Schwimmer de Friends, ou d’un Robert Shapiro incarné par un John Travolta fascinant en avocat aussi charismatique que narcissique, sait y faire. Tout est une question d’image, il s’agit d’instrumentaliser le ressentiment de la communauté noire contre la police. L’avocat principal sera donc noir, et les policiers qui sont intervenus seront sans cesse accusés de racisme.

            L’accusation est beaucoup moins solide : on la voit manquer de préparation, souvent un coup derrière la défense, et nettement moins charismatique. On voit notamment comment toute l’attention médiatique dont fait l’objet la procureur la déstabilise, victime d’attaques très personnelles sur son physique. Contrainte par la défense de s’engager sur le terrain du racisme, son manque de cynisme l’y rend moins à l’aise. C’est par cette diversité des approches d’études que la série convainc : elle prend en compte les aspects légaux, politiques, médiatiques et également personnels, qui contribuent à fragiliser la défense.

            Une des forces principales de la série réside dans ses personnages tous développés et très crédibles. O. J. lui-même est convaincant dans en star mégalo, tellement amoureux de lui-même qu’il en arrive à considérer presque sincèrement qu’il est victime d’une injustice. Robert Kardashian, ami de longue date de O. J., est émouvant en ami dévoué, d’abord naïf dans son soutien à O. J. car convaincu de son innocence, puis sincèrement troublé au fur et à mesure que le doute s’installe dans son esprit. On apprécie son discours à ses filles : « Fame is fleeting. It’s hollow. It means nothing at all without a virtuous heart. », discours auquel elles répondent par un froncement de sourcils. C’est encore la procureur, que l’on voit débordée par la situation, très touchée par les attaques dont elle est la victime, manquant de charisme et de tact dans la façon dont elle gère son équipe, et devant en plus faire face à des problèmes personnels. C’est aussi le rôle intéressant de son collègue noir, qui se trouve dans une position inconfortable, d’une part car il accuse autre Noir, d’autre part car il a le sentiment — pas injustifié — qu’il a été choisi pour l’accusation car elle avait besoin d’un Afro-Américain dans l’équipe pour faire face aux accusations de racisme.

Sans réinventer les codes du genre, la série sort cependant nettement du lot par son travail minutieux qui consiste à développer toutes les forces en présence et nous fait comprendre comment la question raciale a pu s’immiscer dans le procès, dans un pays où il semble que cette question soit partout. Le sens de la nuance dont font preuve les scénaristes permet d’éviter la caricature : tout n’est pas tout noir ou tout blanc…

10

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