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Stranger Things 3, ou comment se renouveler (un peu)

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La série la plus bingewatchée au monde. C’est le titre impressionnant que vient de remporter Stranger Things, dont l’intégralité de la saison 3 a été vue par plus de 824 000 personnes le jour de sa sortie. Et pourtant, la deuxième saison, sans être mauvaise, s’était parfois vue critiquée pour son intrigue relativement similaire à celle de la première (et moins efficace, par-dessus le marché).

Une chose, au moins, a changé dans la ville d’Hawkins. « We’re not kids anymore », comme le dit Mike à ses amis : maintenant qu’ils ont grandi, de nouvelles tensions apparaissent au sein du groupe, dont certains membres se sentent exclus. C’est notamment l’occasion pour Will de s’affirmer et de sortir de son rôle récurrent de victime, pour devenir un protagoniste plus complexe et intéressant. Dans l’ensemble, les acteurs rendent tous justice à leur personnage. On ne soulignera sans doute jamais assez la qualité de l’interprétation de Millie Bobby Brown, toujours impressionnante dans le rôle d’Eleven, tandis que Cary Elwes campe un maire cynique, trouillard et corrompu plus vrai que nature.

Après une saison 2 très sombre, la suivante fait le pari de l’humour, en alternant entre des scènes vraiment angoissantes et d’autres qui ne se prennent absolument pas au sérieux. L’idée fonctionne plutôt bien, mais attention quand même à ne pas aller trop loin, au risque de désamorcer les moments de tension. Au bout de quelques heures, les provocations incessantes d’Erica, la petite sœur de Lucas, qui sont apparemment censées être drôles, deviennent tout simplement insupportables.

Pour ce qui est des scènes les plus sombres, les showrunners ont opté pour une esthétique plus organique que celles des précédentes saisons, en donnant au monstre une apparence franchement répugnante, très différente de l’allure spectrale de la créature de la saison 2. Malgré ces choix, les nouveaux épisodes peinent à égaler les moments de terreur auxquels nous avait habitués la première saison, lorsque le Démogorgon était tapi dans l’obscurité de la forêt et surgissait de façon totalement inattendue, avec pour seul avertissement quelques lumières qui clignotaient.

Mais la saison 3 compense cette dose de terreur moindre en nous offrant des moments véritablement touchants [ATTENTION SPOILERS]. La disparition de Hopper, visuellement magnifique, tout comme la lettre poignante laissée à sa fille adoptive, arracheront une larme même aux plus insensibles.

Côté décors, on reste enseveli avec bonheur sous une avalanche de références aux années 80 et à la pop culture. Une fois encore, la nostalgie opère, même si les scénaristes forcent un peu le trait en nous présentant des Soviétiques caricaturaux au possible. Plus généralement, la trame narrative ressemble tout de même beaucoup à celles des saisons précédentes, puisqu’elle est fondée sur le retour du monstre de la saison 2, libéré par des scientifiques sans scrupules. D’ailleurs, la fin de la troisième suggère une accroche semblable pour celle qui va suivre…

Si les frères Duffer n’ont pas su totalement relever le défi du renouvellement, leur troisième saison développe plus en profondeur ses personnages centraux tout en maintenant une bonne alchimie entre terreur, humour et émotion.  Le rythme des deux premiers épisodes, relativement lent, ne doit pas vous dissuader de poursuivre, car la suite réserve quelques moments de grande classe…

8

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