Cinéma

Bohemian Rhapsody : another one bites the dust…

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Après un projet qui se traine depuis presque 10 ans, Freddie Mercury et le groupe mythique Queen sont enfin mis à l’honneur au cinéma avec Bohemian Rapsody réalisé par Bryan Singer.

J’avoue que j’étais un peu sceptique quand j’ai su quel était le réalisateur. Révélé par Usual Suspect, Bryan Singer s’est ensuite et surtout illustré dans la réalisation de blockbusters telle la série des X-Men. Cela annonçait la couleur pour Bohemian qui hérite des bons comme des mauvais côtés des films sensationnels à gros budgets.

Le souhait premier des membres du groupes était de faire un film familial, convivial. De ce côté-là c’est réussi puisque le long-métrage est assez consensuel. Très dynamique, nous sommes soumis au rythme des films intenses de Singer. Cela a le mérite de nous tenir en haleine, mais aussi le défaut de suivre une construction très calculée et qui semble artificielle : des moments de poésies courts et sans grande subtilité (avec les classiques scènes de genre des amoureux au lit ou natures mortes du solitaire à la fenêtre). Le tout est accompagné d’une image aux tons sursaturés sous couvert de reproduire les couleurs des 70’s- 80’s qui piquent les yeux et renforce la mièvrerie. Passons sur les multiples problèmes que pose l’adaptation de la vie de Mercury extrêmement romancée et bouleversée pour le bien d’un scénario qui se veut plus attrayant…

Je suis assez dure mais le film a tout de même le mérite de nous faire réécouter les chansons de Queen d’une nouvelle oreille, de nous les réapproprier dans les sonorités comme dans les paroles. Il faut mentionner aussi la performance des acteurs qui rendent chacun des personnages relativement humains et attachants. Rami Malek porte réellement le biopic avec son énergie, jusque dans la scène du live aid excellemment reproduite, moment de grâce du film.

Ce qui me gêne dans Bohemian est en fait un phénomène récurrent dans certains film grand public : c’est cette espèce de recette magique du film qui marche et où, que ce soit dans l’humour, dans la construction de l’histoire ou encore la façon de filmer, règne un sentiment amer de déjà-vu (on pense ici à ce plan fixe sur le producteur seul dans son bureau durant le live aid, plan qui a fait exploser ma petite sœur et la salle de rire mais qui reste très pauvre selon moi). J’ai toujours un dilemme face à ce genre de film : d’un côté ce format consensuel permet de toucher un public plus large pour le faire s’intéresser à des sujets variés (je fais rentrer dans cette catégorie Immitation Game ou encore Le Labyrinthe du silence), de l’autre cela ne livre pas de mauvais films, mais certainement pas non plus de chefs-d’œuvre ou encore de films cultes et mémorables, bref un cinéma de divertissement qui ne fait pas vraiment avancer le schmilblick.

Et c’est là où on se demande, à qui du groupe ou du producteur, le film donne raison. Car si le propos des personnages est de lutter contre ce satané producteur qui refuse la chanson Bohemian Rapsody considérée trop longue et peu commerciale, cette même chanson éponyme ne sera pas entendue une seule fois en entier dans un film qui dure pourtant 2 heures pleines…

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