Cinéma

Detroit : Une ville à feu et à sang, un film bouleversant

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Inévitablement, on sort de la salle de cinéma un peu sonné ; les images choquent, l’histoire bouleverse, certaines scènes font froid dans le dos. En un mot, tout le génie du film tient dans ce mélange subtil entre fiction et réalité, entre thriller américain et reconstitution historique.

Il faut dire que d’un côté le réalisme de Detroit est époustouflant : tout le début du film est là pour contextualiser les terribles événements qui secouent ce qui est à l’époque la cinquième ville des Etats-Unis, caractérisés par des affrontements entre une police majoritairement blanche et une population noire marginalisée. C’est avec précision et justesse que le film nous décrit la montée en puissance de la violence – c’est presque une guerre qui ravage alors Detroit – un réalisme historique renforcé par la présence régulière d’images d’archives, et notamment celle du discours de George Romney – alors gouverneur du Michigan –  qui décide d’envoyer l’armée lors du troisième jour des émeutes. Tout va très vite à Detroit en juillet 1967 : les interventions policières qui visent à contrecarrer les réseaux illicites sont vues par beaucoup comme une répression injuste et abusive envers les Noirs Américains.

Le changement d’échelle intervient brutalement : on découvre alors que la réalisatrice Katheryn Bigelow choisit de se concentrer sur la véritable tragédie de l’Algiers Motel ; le matin du 26 juillet 1967, les corps de trois jeunes Américains, tous noirs, sont retrouvés, tués par balle alors qu’ils n’étaient pas armés. Ce qui s’est exactement passé cette nuit-là, au motel, personne n’a jamais pu l’élucider totalement. C’est pourquoi Detroit s’offre quelque liberté dans le scénario, même si on peut s’imaginer que la réalité n’est pas si loin de la fiction. Le 25 juillet au soir, tout commence par des détonations qui semblent provenir d’une des fenêtres du motel : un sniper anti-blanc ou un petit plaisantin qui veut faire peur à la police ? Nerveuses, les forces de l’ordre de Detroit s’engouffrent dans le motel et plaquent contre le mur tous les résidents (presque tous sont Noirs). S’ensuit alors un interrogatoire marqué de panique et d’hurlements. « Dîtes nous qui était le tireur ou nous vous exécutons sur place »… Sans aucun doute, une des principales forces de Detroit, c’est qu’on s’attache aux personnages…qui ont réellement existé.

Racisme, violences policières, justice blanche accusée de partialité : pas de doute, Detroit aborde des sujets extrêmement sensibles aux Etats-Unis, et qui le sont encore aujourd’hui ; une réussite en tous points.

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