Il y a des dates qui marquent, des moments dont l’on se souvient plus que d’autres. Qui que vous soyez, d’où que vous veniez, je suis certain que vous vous souvenez d’où vous étiez et de ce que vous faisiez le 13 novembre 2015 lorsque Daesh s’en est pris à Paris. Le sujet est encore brûlant, la plaie n’a pas cicatrisé et ne cicatrisera sans doute jamais. Il y a certes eu des documentaires sur le sujet (dont le très bon Fluctuat nec mergitur disponible sur Netflix) mais c’est la première fois que le cinéma s’en empare pour crée une vraie œuvre de fiction.

Revoir Paris c’est l’histoire de Mia (incarnée par une sublime Virginie Efira), une rescapée de l’un des bars attaqués par les terroristes. Comme nombre de survivants des attentats, Mia a perdu la mémoire des évènements, et pour espérer tourner la page du traumatisme il lui semble qu’elle doit se souvenir. Le film s’articule donc autour d’une quête mémorielle qui est l’occasion pour Mia comme pour le spectateur de revenir sur les lieux du drame et de rencontrer ceux qui comme elle étaient dans ce bar à ce moment. On y découvre des personnages bouleversants, tous marqués à leur manière par ce qui définira à jamais un tournant dans leur existence.

A travers cette galerie de personnages, c’est du deuil que parle Revoir Paris, on apprend à apprivoiser l’inenvisageable. Le traumatisme est d’abord filmé comme une expérience très individuelle, Mia sent l’écart se creuser entre elle et ses amis, et elle voit sa relation avec son compagnon se flétrir. Mia est très seule, et ce n’est que lorsqu’elle rencontre d’autres rescapés (dont un très bon Benoit Magimel) qu’elle semble revivre. En bref, Revoir Paris est l’occasion de montrer l’impact d’un traumatisme sur les relations sociales, entre mise à distance de ceux qui ne l’ont pas subi et expérience collective du deuil. 

 Revoir Paris est également l’occasion, comme son titre le suggère, de redécouvrir la capitale. Lorsque Mia part à la recherche d’un homme qu’elle avait rencontré lors des attentats, on est embarqué dans un voyage initiatique au sein d’un Paris autre, bien différent des quartiers bourgeois que le film nous montrait jusqu’alors. L’évènement traumatique est l’occasion, une fois la mémoire retrouvée, d’étendre son champ de conscience, de découvrir des choses nouvelles, et de véritablement revoir Paris.