Mon but n’est pas de rentrer dans une polémique historique et politique en pleurant sur le parti pris royaliste du film ou en me réjouissant du portrait d’un héros catholique. Je vais donc laisser de côté cette polémique afin de me concentrer sur les aspects fondamentalement cinématographiques et presque techniques du film parce que cela laisse déjà de quoi faire une thèse.

Je tiens à préciser que je suis constitue un public généralement acquis aux films d’actions et d’histoire Français. Seulement, face à mon incompréhension lors du visionnage de ce film, je me devais d’écrire une critique qui va certes apparaitre comme très virulente. Soit. Vae Victis. Allons-y.

Ce film est absolument atroce. A part les costumes, rien n’est à sauver. Tout est ignoble et imbuvable. Sur les costumes, ils sont magnifiques, on reconnait ici le savoir-faire du Puy du Fou.

A part cela, c’est l’apocalypse. Commençons par le jeu des acteurs. C’est tout simplement extrêmement mal joué, les comédiens se donnent un style théâtral qui ne marche absolument pas. Leurs répliques sonnent constamment fausses. C’est en réalité assez triste car les acteurs prennent part à un nanar historique comme on en a rarement fait, une mauvaise farce digne d’être jouée par des troubadours sur les tréteaux d’une place publique au XVIIème siècle.

C’est horriblement mal filmé, on a l’impression que les réalisateurs ne savent pas quoi faire avec leur caméra à part la faire tourner en rond. MAIS POSEZ LA BON DIEU. Prenez le temps de donner du goût et du style à votre film. Faites des plans longs où l’on a le temps de se poser en tant que spectateur et de s’immiscer réellement dans l’univers et la période passionnante qu’est la Révolution Française. Le problème est là : le film ne fait qu’alterner entre des plans de dialogues mauvais et des plans larges sortis tout droit d’un spot publicitaire pour la Vendée qui insiste sur les paysages du littoral ou la beauté de la verdure.

De surcroît, Les prises de son ont surement été faites par un stagiaire de 3ème recruté pour l’occasion tellement c’est mauvais. Les acteurs se donnent au passage un timbre de voix rauque afin de souligner le côté terrible de la période vécue ou la dureté des personnages mais cela ne fait qu’aggraver le caractère pitoyable de cette œuvre.

Le film est fondamentalement mal ficelé, mal narré et construit. Avec une approche beaucoup trop chronologique on finit par s’ennuyer et comprendre très rapidement que le film, malgré ses 1h30, va être très long lors du visionnage. Il n’y pas une scène mémorable ou particulièrement marquante. Même pour montrer l’horreur des crimes commis par la Convention le film manque cruellement de punch : on n’y croit pas. Etant donné la dureté du thème et de la période on pourrait s’attendre à être choqué. Seulement il ne suffit pas de montrer des personnes se faisant embrocher pour transcrire cette violence au cinéma, il faut être subtil dans son montage, dans sa musique et surtout dans sa mise en scène.

D’autre part, commencer un film historique en filmant face caméra des historiens au pied de la cheminée, confortablement assis dans leur fauteuil pour nous dire “Les guerres de Vendée ont été terribles…” est un choix complètement catastrophique. D’une cela fait sortir le spectateur du cadre du cinéma, de deux on se demande si les réalisateurs ne nous prennent pas totalement pour des cons pour estimer qu’on a besoin de nous expliquer ce sur quoi le film va insister pendant 1h30.

De plus, le film est bourré de scènes stéréotypées totalement illégales en 2023. Pour faire comprendre au spectateur que nous nous situons dans les pensées du personnage principal, nous avons droit à des plans au ralenti où le personnage se situe, seul, au milieu d’un océan de néant tandis que la voix-off (douleur pour les oreilles) nous conte ses réflexions. On dirait un mauvais remake de Eleven dans Stranger Things qui arrive à se projeter dans “l’autre monde”. Quand le film ne sort pas complètement du cadre du cinéma, il se vautre dans les pires clichés cinématographiques possibles.

Certes le film manque de moyens. Mais ce n’est pas une excuse pour la plupart des reproches que je lui fais.

Comprenez-moi bien, je suis friand d’œuvres cinématographiques qui s’attachent à dépeindre notre histoire, à la rendre grandiose et épique. C’est donc finalement une bonne nouvelle pour le cinéma français que ce long-métrage ait vu le jour car il servira de modèle : Voici la chose à ne pas faire.

Les scènes tournées aurait très bien fait l’affaire dans un docu-fiction Arte de 50 min à regarder un dimanche après-midi. En revanche c’est une honte de passer ça au cinéma.

Pour avoir un bon film sur l’histoire de France en 2023, j’attends impatiemment le Napoléon de Ridley Scott. Ceci dit, c’est tout de même un comble qu’il soit réalisé par un Anglais… Ne sommes-nous donc pas capable de faire un bon film sur notre Histoire que ne soit pas un gigantesque nanar ou bien une œuvre où on s’auto-flagelle des crimes qu’à pu commettre la France ?