Cinéma

Moi, Tonya : une histoire vraie glaçante…

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Moi, Tonya est un film assez déroutant. Il nous raconte l’histoire vraie d’une patineuse américaine, restée célèbre pour avoir été la première de sa catégorie à réussir le triple axel aux championnats du monde de Munich en 1991. Et pourtant, malgré sa performance fulgurante, Tonya Harding est loin de mener une vie idyllique : abandonnée par son père, détestée par sa mère, battue par son mari, elle est finalement accusée d’être impliquée dans l’agression sanglante de sa rivale Nancy Kerrigan, peu de temps avant les Jeux Olympiques de Lillehammer de 1994. Tourné sous un format que l’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma, avec un ajout d’images d’époque, et des témoignages des différents personnages qui parlent face caméra, le film Moi, Tonya, est une des premières pépites cinématographiques de l’année 2018.

Le jeu d’acteur des personnages féminins de ce film est honorable. Pour être capable d’interpréter Tonya, l’actrice Margot Robbie a subi un entraînement intensif de patin à glace à raison de cinq jours par semaine pendant les cinq mois précédant le début du tournage. Même si deux cascadeuses la doublaient pour les figures exceptionnelles – telles que le triple axel, qui est une figure de trois tours et demi dans les airs – c’est bien elle que l’on voit dans la plupart des plans sur la patinoire. Nommée aux Oscars pour la catégorie « Meilleure actrice dans un rôle principal », nous verrons le 4 mars prochain si ses efforts seront récompensés. Quant à l’actrice Allison Janney, qui joue le rôle de la mère infecte de Tonya, elle est déjà repartie avec un Golden Globe le 7 janvier dernier, dans la catégorie « Meilleure actrice dans un second rôle » et est également nommée pour les Oscars dans cette même catégorie. A la fin du film, le générique nous montre les images des personnes qui ont vraiment existé et c’est à ce moment-là que l’on se rend compte à quel point Allison Janney a fait l’effort de ressembler à la vraie mère. Et c’est réussi du point de vue physique, mais surtout du point de vue du caractère : aigrie, vilaine, détestable, et odieuse. Une des scènes les plus choquantes est certainement celle où la mère lance un couteau dans le bras de sa fille.

En fait, ce qui fait la force du film, c’est que le spectateur ne peut s’empêcher de souffrir avec Tonya. Une fille très belle, jeune, douée, pleine de ressources et persévérante, mais qui subit, malgré elle, des événements extérieurs injustes qui la dépassent. Si elle résiste silencieusement pendant des années à son entourage violent, l’accusation qui la touche en 1994 conduira à sa perte. Mais Tonya est-elle vraiment blanche comme neige ? A-t-elle commandité l’agression de Nancy Kerrigan au cours de laquelle la jeune patineuse reçoit un coup de barre à mines au genou, ou bien est-elle victime d’un complot ? Pas de spoiler dans cette critique, promis. Quoi qu’il en soit, suite à cette affaire, Tonya Harding sera définitivement exclue de la fédération américaine de patinage artistique à l’âge de 24 ans, et ne patinera plus jamais. « Patiner, c’est la seule chose que je sais faire », dira-t-elle au juge, sur le ton de la supplication, mais sans succès.

Un Golden Globe, trois nominations aux Oscars, un transfert d’émotions violentes (on vous promet, des Américains autour de nous pleuraient pendant le film), de magnifiques scènes sur la glace, un format narration/témoignage très efficace : bref, Moi, Tonya est un film qui vaut le détour.

8.5

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