Cinéma

Kingsman 2 – Le cercle d’or : Take me home, country roads…

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Dans une filiation explicitement bondienne, Kingsman 2 s’ouvre in medias res sur une scène virtuose et particulièrement viscérale : habile plan séquence truqué, jeu sur la vitesse des plans,… j’ai esquissé un sourire enfantin en retrouvant le plaisir du moment de bravoure du premier opus, à savoir la scène de l’église. C’était sans compter le détour que prend le film par la suite, engageant un changement radical d’univers et de personnages et aboutissant à un film finalement assez inégal. 

Alors, qu’on se le dise, Matthew Vaughn le crie haut et fort durant ces 140 minutes : je veux vous divertir ! Et il le fait efficacement et dans un écrin de grande qualité. J’ai toujours été contre cette manie quasi pavlovienne qu’ont beaucoup de cinéphiles de considérer le cinéma de divertissement pur comme un étendard des tares d’un Hollywood vicié et en panne d’imagination.

Ne vous méprenez pas : aboutir à un cinéma de divertissement de qualité requiert une grande ingéniosité, ce dont fait preuve Vaughn, à commencer par des chorégraphies complexes mais parfaitement lisibles. L’action de Kingsman 2 sonne comme un aboutissement de ce que le réalisateur avait brillamment amorcé dans Kick Ass. A grand renfort de contre plongées de l’espace et de plans au sol immersifs, le film sait vous prendre en haleine quand il le faut, enfin presque.

Là où le film pêche selon moi, c’est dans cette désagréable sensation que le récit s’arrête à sa moitié, sans pour autant tirer profit de son casting hors norme. C’est d’autant plus dommage que ce déséquilibre transforme les scènes virtuoses en shots d’adrénaline destinés à conserver le spectateur alerte, là où le premier opus savait capter l’attention de l’audience par les enjeux psychologiques des personnages. Ce qui est paradoxal, c’est que Kingsman 2 n’est pas vide : au contraire, il s’encombre de récits superposés qu’il ne peut logiquement pas traiter correctement. C’est donc en survolant un ensemble de trames narratives parallèles que le long métrage ne raconte finalement pas grand chose durant une bonne trentaine de minutes.

Cela mis de côté, l’humour ne tombe jamais dans la caricature forcée, et sait exploiter le ridicule de façon subtile. Vaughn verse dans le 5ème degré et l’assume totalement. Le spectateur signe dès les 30 premières minutes son contrat cinématographique : les headshots ne sont plus des enjeux, vous êtes prévenus. C’est un délire parfois légèrement régressif et terriblement plaisant pour peu qu’on souscrive à l’humeur du film.

Plus important encore, Kingsman 2 reste honnête avec sa démarche initiale, et en cela on ne peut en aucun cas lui reprocher. Julianne Moore, Halle Berry, Jeff Bridges et Channing Tatum s’éclatent, et il est impossible de ne pas partager l’enthousiasme de leur performance. Moins bon que le premier mais meilleur que tous les teenage movies servis à la chaîne de nos jours. A voir.

6

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