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MOWoody Allen

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Pendant toute la durée du confinement, Making Of se charge de vous donner des idées de films à voir : les MOWs, Movies Of The Week. Aujourd’hui : le MOWoody Allen.

1) Take the money and Run, 1969

Prends l'oseille et tire-toi : Photo

Premier long-métrage de Woody-Allen, il s’agit d’un faux documentaire sur la vie de Virgil Starkwell, un criminel raté dont le plus grand regret est de n’avoir jamais réussi à devenir un des 10 hommes les plus recherchés du pays (“mais ça marche beaucoup sur piston”). Il finira condamné à 800 ans de prison, mais dira avoir bon espoir de pouvoir réduire sa peine de moitié.

C’est décousu mais on ne passe pas une minute sans rire.

2) Bananas, 1971

Blu-Ray Review | Bananas | 1971 - From the Front Row

Fielding Mellish se fait plaquer par sa copine, une militante gauchiste altermondialiste. Pour lui prouver qu’il n’est pas un loser, il se rend dans un petit pays d’Amérique du Sud où il participera, avec les rebelles communistes, à la révolution et sera propulsé à la tête du pays. Un révolutionnaire : “Nous devons mourir pour la liberté !” – Mellish : “La liberté c’est magnifique. D’un autre côté, la mort est un coup dur pour la vie sexuelle”. Une comédie burlesque mais aussi une satire politique. Des soldats américains, sur le point d’intervenir, discutent : “On se bat pour les rebelles ou pour le gouvernement ?” – “Cette fois, pour ne prendre aucun risque, la CIA a décidé de nous disperser dans les deux équipes.”

Dans la même veine, Woody Allen réalise en 1972 Everything You’ve Always Wanted to Know About Sex, série de sept sketchs complètement absurdes. Le tout dernier, dispo sur Youtube, est culte : Woody Allen joue le rôle d’un spermatozoïde très anxieux.

L’année suivante, Allen réalise Sleeper, l’histoire d’un homme qui entre à l’hôpital pour un ulcère, se réveille 200 ans plus tard au sein d’une dictature policière, se déguise en robot, et aide la résistance. Rempli de gags visuels, le film est un hommage au cinéma muet des modèles de Woody Allen : Charlie Chaplin et Buster Keaton.

3) Love and Death, 1975

Love And Death - The Woody Allen Pages

Dernier film de la première partie de carrière de Woody Allen, c’est selon moi son plus drôle. Boris et Sonja, parodies de personnages de littérature russe, projettent d’assassiner Napoléon et tiennent de grands discours pseudophilosophiques. (“To love is to suffer. To avoid suffering one must not love. But then one suffers from not loving. Therefore, to love is to suffer; not to love is to suffer; to suffer is to suffer. To be happy is to love. To be happy, then, is to suffer, but suffering makes one unhappy. Therefore, to be unhappy, one must love or love to suffer or suffer from too much happiness.”).

Plein de dialogue exceptionnels (“Tu es le meilleur amant que j’ai eu” – “Merci, je m’entraîne beaucoup tout seul”, ou Boris : “Le néant, la non-existence, le vide…” – Sonja : “Que dis-tu ?” – Boris : “Oh rien je planifie mon futur.”), de traits d’esprit (“Le sexe sans amour est une expérience vide. Mais de toutes les expériences vides, c’est une des meilleures.” – “Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse”), et d’absurde (le soir, dans le lit conjugal, Boris met la main sur l’épaule de sa femme, espérant lui faire l’amour. Sa femme : “Boris, pas ici.”).

Woody Allen ne fera plus jamais de comédie de ce type, ce que certains lui reprocheront. Il s’en amusera dans Stardust Memories (1980). Sandy Bates, un cinéaste, se remet en question et discute avec des Aliens : “Si rien n’est éternel, pourquoi je m’embête à réaliser des films ?” – “On aime tes films, surtout les films comiques du début.” – “Je ne devrais pas faire quelque chose qui compte, genre aider les aveugles ?” – “Tu veux aider l’humanité ? Contente toi de raconter des blagues.

4) Play it again Sam, 1972

Fripps filmrevyer: Play It Again, Sam (1972)

Un des rares films que Woody Allen écrit mais ne réalise pas. Allan Felix, 29 ans, vient de se faire plaquer par son épouse et ne s’en remet pas (il discute beaucoup avec son ami imaginaire, Humphrey Bogart, l’acteur de Casablanca). Pour le sortir de sa déprime, Dick et Linda, un couple d’amis, tentent de lui présenter des femmes. Mais pour Alan, qui manque de confiance en lui, les déconvenues s’enchaînent… et comme on est toujours plus séduisant lorsque l’on n’essaie pas de séduire, c’est finalement de Linda dont il se rapproche.

Rempli d’humour (Alan tente d’aborder une femme : “What are you doing Saturday night ?” – “Commiting suicide.” – “What about Friday night ?”), le film occupe une place importante dans la filmographie de Woody Allen puisque pour la première fois, l’intrigue n’est plus seulement qu’un prétexte pour enchainer les blagues.

5) Annie Hall, 1977

Annie Hall at 40: 15 things you didn't know about the ...

Succès mondial immédiat (oscar du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario et de la meilleure actrice), c’est probablement le film le plus connu de Woody Allen. Une banale histoire d’amour entre un homme et une femme, rendue exceptionnelle par le génie de Woody Allen et le charme de Diane Keaton.

Woody Allen impose son style, un style qui ne le quittera plus : exploration de la psychologie humaine avec humour, grande originalité dans la forme (voixoff, personnages s’adressant à la caméra, sous-titres qui ne correspondent pas au dialogue, Annie Hall quitte son propre corps pendant l’acte, Alvy pose des questions à des inconnus dans la rue…), le tout pour traiter des thèmes existentiels de façon légère. Ces deux scènes, à elle-seules, sont des chefs-d’oeuvre :  la rencontre et le dîner avec la belle famille.

Dans le même style (mais un peu moins bien), Manhattan, en 1979.

6) Comédie érotique d’une nuit d’été, 1982

Photo du film Comédie érotique d'une nuit d'été - Photo 6 ...

Trois couples d’amis se retrouvent pour passer un week-end (confinés) dans une maison de campagne. Leopold, un professeur de philosophie pédant, est accompagné de sa fiancée. Maxwell, médecin séducteur, arrive avec une infirmière, tandis qu’Andrew, inventeur loufoque (il se déplace sur un vélo volant), est avec sa femme, qui ne veut plus lui faire l’amour (“je peux pas, c’est dégoutant !”). À la fin du week-end, chacun sera en couple, pas forcément avec la même personne qu’au début.

Un trésor de légèreté du début à la fin.

7) Zelig, 1983

Movietheca: Short reviews - Set 3 (The Skin I Live In ...

Tourné en noir et blanc, c’est un faux documentaire sur la vie de Leonard Zelig, un homme tellement conformiste qu’il prend l’apparence de ceux qui l’entourent. Avec des noirs Zelig noircit, avec des juifs religieux une barbe lui pousse, et en présence de psychiatres, il démontre une connaissance exhaustive de l’œuvre de Freud. Le film est entrecoupé de vraies images d’archives dans lesquelles Zelig est incrusté manuellement : il apparaît par exemple en mafieux à côté d’Al Capone ou en uniforme SS à côté d’Hitler. Un chef-d’œuvre indispensable, malheureusement un peu tombé dans l’oubli (quasi-impossible à trouver en VOD).

Quelques mois plus tard paraît Broadway Danny Rose (Woody Allen, c’est un film par an depuis 1969), une excellente comédie : suite à un quiproquo, un impresario raté se retrouve traqué par la mafia.

8) La Rose Pourpre du Caire, 1985

Le journal de Feanor: LA ROSE POURPRE DU CAIRE

Dans les années 30 aux États-Unis, Cécilia assiste pour la huitième fois à une projection de “La Rose Pourpre du Caire”. Tom Baxter, le héros du film, sort de l’écran pour la rejoindre (“J’ai rencontré un homme formidable. Il est fictif mais tu peux pas tout avoir”, racontera Cécilia). Les personnages restées à l’écran paniquent : comment finir le film si le héros n’est plus là ? Dans la salle, les spectateurs s’agacent. Les producteurs sont avertis, l’acteur qui joue Tom Baxter débarque pour convaincre son personnage de retourner dans le film.

Exceptionnel d’originalité. Les personnages restées dans le film débattent : “et pourquoi là-bas ce serait le monde réel et ici le monde fictif ? Pourquoi pas l’inverse ?”. Tom Baxter discute avec Cécilia : “Je n’ai jamais connu mon père, il est mort avant le début du film”, et, alors qu’il s’apprête à coucher avec elle : “quoi, il n’y a pas de fondu au noir quand vous faites l’amour ?”.

Woody Allen dira que parmi ses films, La Rose Pourpre du Caire est, avec Matchpoint, son favori.

9) Hannah et ses soeurs, 1986

Hannah and Her Sisters | Festival international du film ...

Histoire d’amour croisée entre trois soeurs. Eliott (Michael Caine) est marié à Hannah (Mia Farrow), mais tombe amoureux de sa belle-soeur, Lee, en couple avec Frederick, un artiste misanthrope. (Lee rentre du travail, Frederick l’accueille chaleureusement : “Tu sais pourquoi les intellectuels n’arrivent jamais à répondre à la question « comment Auschwitz a été possible ? » Parce que c’est la mauvaise question. La bonne question c’est : « Pourquoi ça n’arrive pas plus souvent ? »”). En parallèle, Mickey, ex-mari d’Hannah, est convaincu d’avoir un cancer en phase terminale. Lorsque ses examens révèlent que tout va bien, il tombe en dépression (le suicide est impossible : “mes parents seraient trop tristes, il faudrait que je les tue d’abord, mais j’ai aussi un oncle et une tante, ça finirait en massacre”) et entre dans une phase de questionnement existentiel, où il tentera notamment de donner un sens à sa vie par la religion.

Un des plus beaux films de Woody Allen, qui rompt complètement avec l’humour à sketchs de ses débuts pour atteindre un sommet de maîtrise et de profondeur. La conclusion de Mickey : “Je devrais arrêter de gâcher ma vie à chercher des réponses que je n’obtiendra jamais, et profiter tant que ça dure.

L’année suivante, Woody Allen réalise Radio Days, un de ses films les plus charmants, et probablement son plus autobiographique (les personnages sont les membres d’une famille juive new-yorkaise dans les années 40). Woody Allen nous fait revivre l’âge d’or de la radio grâce à un ensemble de saynètes toutes empreintes de nostalgie, d’humour et de tendresse.

10) Match Point, 2005

moviesandsongs365: Film review: Match Point (2005)

Chris Wilton subit le chantage de sa maîtresse Nola (Scarlett Johansson), qui menace de tout raconter à sa fiancée. Chris devra, d’une manière ou d’une autre, se débarrasser de cette maîtresse encombrante. Woody Allen explore avec intelligence les thèmes de la culpabilité, des conséquences de nos actes dans un monde où Dieu n’existe pas, et du rôle du hasard dans nos vies.

Woody Allen abordait déjà ces sujets 15 ans plus tôt dans Crimes et Délits (un autre chef-d’oeuvre), où l’on observe les destins croisés de deux hommes. L’un commet un meurtre sans jamais connaître de châtiment, l’autre agit moralement et voit la femme dont il est amoureux épouser un producteur antipathique et prétentieux. À la fin du film, les deux personnages se rencontrent : le temps a permis d’effacer la culpabilité de l’un, pas le chagrin de l’autre.

Depuis trente ans, les films de Woody Allen n’ont jamais atteint la perfection de ceux des années 70 et 80, mais beaucoup sont excellents : Manhattan Murder Mystery (le retour de Diane Keaton, enfin !), Bullets Over Broadway (un mafieux se révèle être un génie littéraire), Deconstructing Harry (une magnifique synthèse de tous les thèmes alléniens – subjectivement, mon Woody Allen préféré), mais aussi Husbands and Wives, Mighty Aphrodite, Sweet and Lowdown, Vicky Cristina Barcelona, Midnight in Paris, ou même son tout dernier, A Rainy Day in New York. Voyez, revoyez tous ces films, pas comme cet imbécile de Woody Allen qui n’en a revu aucun.

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