Cinéma

VICE : Christian Bale, caméléon vedette du spectacle d’Adam McKay

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Il faut croire que Christian Bale, acteur protéiforme par excellence, avait été frustré de n’avoir pas pu se livrer aux transformations physiques saisissantes dont il a l’habitude, lorsqu’il avait travaillé sur The Big Short sous la direction d’Adam McKay. Trois ans plus tard, ce même réalisateur lui a offert une occasion en or de se rattraper en incarnant le corpulent Dick Cheney, vicieux vice-président de George W. Bush (car oui, il y a bien un jeu de mots dans le titre).

Si Bale parvient à s’effacer derrière son personnage de façon absolument saisissante, au point qu’on en oublie l’acteur, le mérite n’en revient pas qu’à son embonpoint ou aux prothèses qu’il a dû supporter. Sa voix rocailleuse, sa gestuelle imposante, son regard pénétrant et calculateur donnent au Dick Cheney qu’il incarne l’étoffe d’un stratège redoutable, craint et respecté. Mais il serait injuste de ne mentionner que Bale tant le reste du casting est impressionnant. L’interprétation d’Amy Adams rend justice à l’ambition dévorante de Lynne Cheney, qui apparaît tout aussi assoiffée de pouvoir que le mari qu’elle guide dans son ascension. Quant à Sam Rockwell, il joue à merveille un George W. Busch lent et effacé, totalement dépassé par les événements tandis que Cheney accroît sa mainmise sur le pouvoir exécutif.

Tout le long du film, on a la sensation d’assister à un spectacle, car Adam McKay nous gratifie d’une mise en scène inventive et dynamique, en recourant notamment à un jeu qui rappelle le Monopoly pour montrer comment Cheney place ses pions à la Maison Blanche. McKay se permet également de jouer avec les attentes du spectateur, et de le manipuler par moments pour mieux le surprendre, tout en recourant fréquemment aux flashbacks et aux ellipses, parvenant ainsi à entretenir un rythme soutenu. Le montage, très original, nerveux voire frénétique dans les moments de tension, participe de l’énergie débordante qui anime cette satire du cynisme et de l’immoralité de Dick Cheney.

Si VICE pèche, c’est peut-être par son excès d’enthousiasme. On a parfois l’étrange impression d’être pris dans un flot d’images certes percutantes, mais qui semblent accabler Cheney de tous les maux de la terre et rendent le propos du film quelque peu caricatural.

Bénéficiant d’une narration dynamique et inventive, bourrée d’ironie et portée par des acteurs excellents, VICE mène la charge contre Dick Cheney avec une énergie formidable, malgré quelques choix excessifs qui ne suffisent pas à gâcher notre plaisir.

8

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