Critiques

Simone Veil, Le Voyage du siècle

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Biopic fidèle retraçant l’histoire publique et intime de l’admirable Simone Veil, le film s’attelle à revenir tant sur les combats politiques de d’une femme engagée, que sur les combats personnels de la femme tout court. Sur son enfance, ses engagements, ses tragédies. Simone Veil, Le voyage du siècle, est un film qui aspire à l’exhaustivité d’une vie bien remplie, entre résilience, engagement, passion, et humanité.

Critère d’importance pour juger de la qualité d’un biopic, c’est d’abord la fidélité à l’histoire qu’il convient de noter : maintes références à l’actualité de l’époque permettent de se situer dans l’histoire au milieu des sauts dans le temps. En effet, le film s’organise en une reconstitution temporelle mélangeant plusieurs époques, qui réussit à rythmer le long métrage sans perdre le spectateur. Bref, on comprend subtilement, grâce à ces références, comment chaque pas de cette grande dame s’inscrit dans le contexte, dans les mœurs de l’époque.

Le voyage du siècle, c’est ensuite un film pour mieux connaître, pour mieux comprendre Mme Veil. Pour connaître la femme derrière la déportée médiatisée. Pour saisir le sens de ses combats et engagements, dont on ignore parfois la diversité. Pour enfin comprendre la cohérence de toute une vie derrière un fil directeur : la défense d’un humanisme en danger. Un combat, le film nous le rappelle à juste titre sur la fin, toujours d’actualité aujourd’hui.

Mais un bon biopic n’est rien sans de bons interprètes. Le duo Elsa Zylberstein – Rebecca Mader réussit à incarner Mme Veil à ses différents âges, par un jeu d’acteur poignant, subtil, qui n’en fait pas trop – bien qu’il me semble desservi par une musique omniprésente qui pousse le pathos à l’excès.

Mais plus encore, le biopic brille avant tout par la qualité du dialogue et de l’écriture : citations et textes de la voix off permettent de mieux saisir les idéaux politiques de Mme Veil, la douleur des camps, les réflexions existentielles nourries par de telles épreuves. “Il fallait avoir du courage, le courage de ne pas vouloir sauver l’autre. Le courage d’apprendre à être égoïste”. Plus largement, le réalisateur réussit à nous faire entrer dans l’histoire, à partager la douleur des personnages, à aller au-delà du documentaire classique sur la tragédie des camps. On comprend vite que le pire à Auschwitz n’est pas de se voir mourir peu à peu, mais de le voir sur la figure de ses proches, en totale impuissance.

Bref, Le Voyage du siècle, est un magnifique hommage. Un monument pour honorer la mémoire des victimes du pire, de l’inhumain, nous rappelant l’importance de la mémoire, alors que les leçons de l’Histoire sont aujourd’hui trop souvent oubliées. Le voyage du siècle, c’est le voyage d’une femme au destin qui en a changé tant d’autres.

Close – Lukas Dhont

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